Par Me Cynthia Charlier et Me Jeoffrey Vigneron
Avocats au barreau de Bruxelles
Une nouvelle révolution numérique est en cours et il s’agit d’un défi majeur pour la profession d’avocat qui doit apprécier avec justesse les enjeux présents. A l’heure où les notaires produisent leur sitcom qu’ils diffusent sur les réseaux sociaux, qu’ils organisent des ventes en ligne et que des conseils juridiques sont déjà prodigués par des intelligences artificielles, d’autres veulent faire disparaître le mot avocat du dictionnaire.
Il est indispensable de proposer aux avocats une plateforme qui leur permettrait de se regrouper afin de faire connaître leur réelle plus-value à une clientèle qui réclame une adaptation de sa relation avec notre profession, notamment en termes de délais et de transparence des prix. C’est dans ce contexte que Cynthia Charlier a eu l’idée de créer la plateforme https://onlinesolutionattorney.be/ il y a bientôt 3 ans.
Créé par et pour les avocats, le site Internet Online Solution Attorney (OSA) met à disposition de ceux-ci une interface simple d’utilisation qui leur permet de bénéficier d’une visibilité accrue, de prendre des rendez-vous dans leur cabinet et de rendre des consultations en ligne. Notre plateforme permet de travailler dans les conditions qui relèvent exclusivement des choix de l’avocat sans le transformer en un produit au service d’une entreprise.
Pour les clients, OSA garantit la transparence des compétences, des prix et des délais.
Pour les avocats, OSA offre la flexibilité. Ceux-ci peuvent paramétrer les différents éléments de leur profil en fonction de leurs compétences, disponibilités et capacités de réaction. Le site leur permet également de publier des notes juridiques pour mieux faire comprendre aux clients leur réelle plus-value.
Concrètement, l’avocat bénéficie d’un référencement efficace, d’une gestion des dossiers simplifiée, de consultations prépayées et d’une inscription gratuite (l’avocat ne paie des frais de services que s’il est consulté).
Aujourd’hui le site propose ses services en Belgique, au Luxembourg, en France et prochainement dans un 4ème pays. Il compte plus de 130 avocats et génère plus de 1500 vues par mois. Certains articles publiés par les avocats sur les réseaux sociaux d’OSA obtiennent plus de 5000 vues en une semaine.
OSA prend en compte l’importance d’Internet dans le marché du droit. Tous les avocats/cabinets ne peuvent être référencés sur la première page des résultats d’une recherche google. Face aux autres fournisseurs de services juridiques en ligne, il est temps que les avocats fassent connaître leur véritable valeur ajoutée aux internautes. La période à venir sera pleine de défis et d’opportunités à saisir mais il faudra sans doute que nous fassions un effort collectif pour nous adapter à cette transition.
En effet, les avocats pensent souvent – à tort – que leurs confrères ou leurs plateformes sont leurs concurrents alors que les internautes exigent des services juridiques toujours plus efficaces, plus transparents et plus abordables. La concurrence d’autres professionnels du droit est de plus en plus vive et l’économie s’internationalise entraînant avec elle un accaparement de parts du marché juridique par des fournisseurs (étrangers ou non, juristes ou non) de services juridiques en ligne soumis à des obligations légales ou déontologiques moins strictes, voire inexistantes.
Aujourd’hui, l’exercice de la profession est en pleine mutation. La transparence et l’accès à la justice sont légitimement revendiqués par tous et grâce à l’assistance de nouveaux outils numériques, les avocats peuvent offrir leurs services de manière claire, rapide et précise. La relation client s’en trouve donc grandement améliorée et il ne faut pas négliger ce bienfait.
Les technologies de l’information et de la communication affectent et continueront à affecter profondément la pratique des professionnels du droit, et bien entendu des avocats. Elles ouvrent également la voie à de nouveaux modes de marketing. Toutefois, l’avocat désireux d’offrir des services juridiques en ligne doit respecter un nombre impressionnant d’obligations légales et déontologiques.
En outre, les risques liés aux nouvelles technologies sont devenus tels que l’avocat doit toujours agir avec précaution pour une protection accrue des données confidentielles. Toutes ces contraintes ont sans doute freiné l’adaptation de la profession aux technologies modernes qui est pourtant inéluctable à plus ou moins court terme.
Dans l’optique d’une adaptation à l’évolution récente du marché des services juridiques, l’avocat a aujourd’hui la possibilité d’adopter l’une ou l’autre technique de prestation de services en ligne conforme aux règles déontologiques et de droit économique qui lui sont applicables pour se rapprocher de sa clientèle. L’argument est triple : financier (coûts et frais généraux réduits), qualitatif (rapidité de la communication, amélioration et meilleur traitement des sources d’information) et promotionnel (ubiquité de la présence via le net).
Innover pour ne pas être exclu du marché du droit est devenu le défi que se sont déjà lancé les avocats à la recherche de moyens pour offrir des services concurrentiels dans ce marché déjà très compétitif et qui le sera encore plus à l’avenir.
En guise de conclusion, nous citerons Jean-Jacques Rousseaux :
« Ainsi, devenus pauvres sans avoir rien perdu, simplement parce que tout changeait autour d’eux et qu’eux n’avaient point changé, ils furent obligés de recevoir ou de ravir leur subsistance de la main des riches, et de là commencèrent à naître, selon les divers caractères des uns et des autres, la domination et la servitude, ou la violence et les rapines. »
Ensemble, faisons en sorte de ne pas devenir les falotiers du droit.
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