Par Me Jean-Jo Evrard, avocat honoraire et fondateur de Darts-IP
L’avocat, par essence, n’est pas un entrepreneur, c’est-à-dire quelqu’un qui investit du temps et de l’argent pour développer de nouveaux produits ou services, sans être assuré du succès de ses efforts. Lorsqu’il entre au barreau, l’avocat a l’ambition de développer ses connaissances juridiques afin d’acquérir des clients, et ce dans le respect des règles qui régissent la profession. L’idée de créer de nouveaux produits ou services ne l’effleure pas.
Les associations d’avocats ne sont pas davantage soucieuses de susciter en leur sein un esprit d’entrepreneur. La pratique des time sheet n’est pas de nature à susciter un tel esprit bien au contraire. L’avocat a l’obligation d’atteindre chaque année un nombre minimum d’heures facturables et ces heures sont comptabilisées régulièrement au cours de l’année afin de permettre d’envoyer des états d’honoraires aux clients. Le travail de l’avocat doit être immédiatement rentable. Aucune association n’a un département « recherche et développement « chargé de développer de nouveaux produits ou services.
Il n’est donc étonnant que dans ces conditions, l’avocat qui a un esprit d’entrepreneur, quitte le barreau pour s’associer avec d’autres professionnels susceptibles de lui furnir une assistance technique et financière.
Que faire pour encourager les avocats à être de véritables entrepreneurs?
L’incubateur européen du barreau de Bruxelles a pour ambition de susciter l’esprit d’entreprise chez les avocats, mais pour atteindre cet objectif, il devrait être soutenu par les autorités de l’Ordre. Que dans ses diverses communications, celles-ci insistent plus souvent sur la nécessité pour l’avocat d’être créatifs, qu’elles mettent en valeur les avocats qui se distinguent par leur sens de l’innovation, par exemple en octroyant chaque année un prix de l’innovation, comme le font d’autres barreaux comme ceux de Paris et de Bordeaux. Et surtout qu’elles veillent à ce que leurs règlements ne fassent pas obstacle au développement de nouveaux produits ou services en interdisant par exemple l’association d’avocats avec d’autres professionnels.
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